top of page

Giani Stuparich, « Une année d’école »

Apr 15, 2024

Une année à Trieste

Giani Stuparich fait partie de la constellation d’écrivains triestins du début du 20e siècle, aux côtés de Scipio Slapater ou Italo Svevo. Trieste, ville multiculturelle, au carrefour des mondes germanique, slave et méditerranéen, appartenait alors à l’Autriche-Hongrie. D’où le développement de mouvements en faveur du rattachement à l’Italie dont D’Annunzio fut l’un des célèbres défenseurs, et dont nous retrouvons les échos dans « Une année d’école ». Le roman s’inspire en partie des années passées par Stuparich au lycée Dante Alighieri auprès de camarades passionnés de politique.

« Une année d’école » offre un émouvant récit des élans adolescents autour d’une figure féminine au nom très ibsénien de Edda. Elle aussi d’origine autrichienne, la jeune héroïne souhaite suivre l’exemple de sa grande sœur, modèle d’émancipation, en intégrant la dernière année d’un lycée de garçons de Trieste. L’arrivée de cette jeune fille vive et séduisante bouleverse la classe, provoquant jalousie et sentiments exacerbés chez ses condisciples. Alors qu’Edda souhaiterait simplement être considérée à l’égal des garçons de son âge, elle cause malgré elle un drame.

Pourtant, et c’est là toute la beauté et l’originalité de ce court roman, l’issue n’en sera pas tout à fait tragique, car les passions adolescentes se résorbent pour laisser la place à la camaraderie. La vie l’emporte malgré tout à travers un joyeux mouvement collectif qui, comme la bora qui souffle parfois sur la ville, entraîne avec lui les drames de l’année qui s’achève.

Roman des aspirations de la jeunesse, magnifique portrait de femme dans une ville à l’atmosphère très particulière, « Une année d’école » a le délicieux charme suranné des grands romans italiens comme « Le jardin des Finzi-Contini » de Giorgio Bassani.

A.K.

Giani Stuparich ; « Une année d’école » [Un anno di scuola, 1929], traduit de l’italien par Carole Walter, Verdier/Poche ; 2024, 96 p.

bottom of page