LA PETITE REVUE
Critique littéraire et théâtrale
Nov 17, 2021
Retour à Londres
Le quatrième tome de la saga des Cazalet s’ouvre en juillet 1945. Alors que la guerre s’achève, les différentes intrigues se cristallisent. Les membres de la famille quittent Home Place pour regagner Londres, les mariages se font et se défont, les enfants deviennent adultes.
Le contexte de l’après-guerre, plus symbolique qu’autre chose, est seulement évoqué : c’est l’intime qui intéresse avant tout Elizabeth Jane Howard. Le travail sur les points de vue se précise. L’auteur alterne la focalisation sur les personnages principaux et une perspective plus rapide sur « les autres », proposant parfois la même scène vue par des protagonistes différents. Le rythme ainsi travaillé, et très maîtrisé, crée une temporalité originale : la saga fleuve se construit sur des va-et-vient, dans un espace plus éclaté que dans les précédents volumes centrés sur Home Place.
Pour Clary et Polly, personnages décidément les plus attachants de la saga, c’est l’âge de la maturité. On y perd un certain charme, qui naissait de la description du monde de l’enfance, de même qu’une légère ironie, pour une dimension plus romantique. L’auteur s’attarde également sur la figure de Christopher, en marge de la famille, mais aussi de la société. Son regard sur le monde est tout à fait représentatif du style très particulier de l’auteur, qui fait toute l’originalité des romans. L’esthétique de la série fonctionne donc parfaitement, et l’on ne peut qu’attendre impatiemment la sortie du cinquième et dernier volume, prévue en 2022.
A.K.
Elizabeth Jane Howard, « Nouveau départ. La Saga des Cazalet IV » [Casting off. The Cazalet Chronicles, 1995], La Table Ronde, trad. Cécile Arnaud, 2021