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« Tant pis c’est moi » à la Scala (Paris)

Nov 10, 2024

« Avant moi, il y a ma mère » précise Sam Karmann au début de son seul en scène autobiographique, créé cet été à Avignon et aujourd’hui repris à Paris.

Née en Algérie en 1923, Colette (mise au monde par son propre grand-père, médecin obstétricien) vit son enfance au gré des affectations de son père consul : l’Algérie, l’Italie (en 1940, jusqu’à l’expulsion des ressortissants français) puis l’Égypte. Pour s’émanciper de sa famille plus que par amour, elle épouse à dix-sept ans Mohsen Hafez, un bourgeois égyptien dont elle aura six enfants (le dernier, Samir Hafez, futur Sam Karmann, né en 1953). Après quatorze ans de mariage, Colette tombe amoureuse du pédiatre local, Léopold Karmann : elle divorce et décide de recommencer sa vie à Paris.

Co-écrit par Sam Karmann et Denis Lachaud, le récit s’étend sur quasiment un siècle, de la naissance de Colette aux premiers succès au théâtre de son fils, alors étudiant en médecine. Non-dits, blessures et traumatismes se révèlent peu à peu, sans pathos ni voyeurisme. Le comédien dresse un portrait particulièrement touchant de sa mère, femme soumise qui parvient à s’affranchir. Mais au-delà, cette plongée dans l’histoire familiale permet à Sam Karmann de découvrir – et de faire reconnaître – son identité.

Bien que minimaliste, la mise en scène n’évite pas quelques facilités, et l’on peut regretter que la bande-son, très présente, soit parfois illustrative. Le texte, drôle, poignant et très rythmé, se suffisait à lui-même, d’autant qu’il est servi par un comédien d’une grande humanité. Malgré ces réserves, le spectacle émeut. L’histoire singulière devient un témoignage universel sur le poids des secrets et la nécessité de connaître ses origines.

Y. A.

« Tant pis c’est moi », Scala (Paris), jusqu’au 29 décembre 2024 (durée : 1h20).

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