top of page

« Pauvre Bitos » au théâtre Hébertot

Apr 2, 2024

Fils d’une lavandière, André Bitos (Maxime d’Aboville) est devenu procureur de la République à force de labeur et de pugnacité. Intransigeant, peut-être aveuglé par son pouvoir et son désir de revanche sociale, il a fait régner la terreur lors de l’épuration (la pièce se déroule en 1955). De quoi provoquer l’inquiétude et la rancœur de ses anciens condisciples, issus de la bourgeoisie et l’aristocratie locale.

L’un d’entre eux, Maxime (Adrien Melin), décide d’organiser un « dîner de têtes ». Chaque convive incarnera une figure de la Révolution française (Saint-Just, Danton, Mirabeau, Camille Desmoulins…). Bitos sera Robespierre, auquel il semble s’identifier. Mais de qui le dîner fera-t-il finalement le procès : le procureur ou le révolutionnaire ?

Accusée de renvoyer dos-à-dos collaboration et épuration, la pièce d’Anouilh, créée en 1956 (avec Michel Bouquet dans le rôle-titre), fut mal accueillie par les critiques. Reprise en 1967, elle n’avait pas été jouée depuis. Adapté et resserré autour des sept personnages principaux, le texte paraît aujourd’hui daté, tant dans sa construction que dans ses dialogues, élégants mais qui cherchent un peu trop systématiquement la formule. On peut, enfin, regretter que l’auteur multiplie les thèmes (la responsabilité, la lutte des classes, le danger de l’intransigeance…) sans vraiment les approfondir.

La mise en scène de Thierry Harcourt, classique, bénéficie d’une très belle création lumière (Laurent Béal). À la tête d’une distribution hétérogène, Maxime d’Aboville est excellent. La soirée n’ennuie pas, mais ronronne un tantinet.

Y. A.

« Pauvre Bitos » au théâtre Hébertot, jusqu’au 5 mai 2024 (durée : 1h20).

bottom of page