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« La mort de Danton » à la Comédie française

Apr 12, 2023

Mars 1794. Après avoir fait guillotiner Hébert et ses partisans, Robespierre juge maintenant trop modéré son ancien ami Danton. Très populaire, celui-ci s’interroge sur les dérives de la Révolution tout en jugeant impossible son arrestation.

La pièce de Büchner est intéressante à plus d’un titre. Très riche, elle joue sur le mélange des genres, empruntant à la comédie pour rendre compte des travers humains, au drame romantique, à travers une lecture très shakespearienne des héros révolutionnaires, et à la tragédie par son dénouement. Elle livre ainsi une lecture tout en nuances de la Révolution dont la théâtralité est habilement exploitée. Malheureusement, son adaptation par Simon Delétang, qui se veut pourtant fidèle, ne parvient pas à rendre compte du foisonnement du texte, qui devient bavard et vain.

La déception de la soirée naît également de la mise en scène de Simon Delétang, dont la direction d’acteurs manque cruellement de finesse. Loïc Corbery (Danton) comme Clément Hervieu-Léger (Robespierre) s’interdisent toute nuance, transformant leurs personnages en caricatures – alors que les deux comédiens sont souvent excellents. Les seconds rôles semblent négligés, sans parler des témoins muets, abandonnés à eux-mêmes. Certains acteurs, enfin, sont peu audibles.…

Faisant le choix d’un décor unique, Simon Delétang peine à créer des images marquantes. Impuissant, le spectateur assiste à une succession de scènes d’où n’émerge ni émotion (lors des heures précédant l’exécution), ni frayeur (lors des discours de Robespierre ou Saint-Just). Le dénouement, véritable climax dramaturgique, frôle même le ridicule lorsqu’émerge des dessous une guillotine dorée.

On peut regretter, enfin, qu’il soit nécessaire d’avoir révisé son Histoire de France avant de venir entendre le texte de Büchner…

A.K. & Y. A.

« La mort de Danton » à la Comédie française, jusqu’au 4 juin 2023.
Photo Pascal Gély/Hans Lucas

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