LA PETITE REVUE
Critique littéraire et théâtrale
Jul 5, 2022
Nicola est le propriétaire d’un restaurant au bord de la faillite. Surendetté, interdit bancaire, il subit de plein fouet la récente installation d’un concurrent en face de son établissement. La perspective d’un repas de mariage est son dernier espoir. Son employée, Beatrice, est mariée à Roméo. Celui-ci, la soupçonnant d’être infidèle, semble avoir perdu la raison. Ginevra, la cuisinière, et son mari Georgio assistent impuissants à la scène.
Est-on responsable des actes que l’on commet par hasard ? Pire, est-on responsable de ceux auxquels on songe sans les réaliser ? Faux semblants, trahisons, pensées inavouées, exigence de vérité : la pièce de Pirandello, passionnante, pose un regard très sombre sur l’âme humaine. Roméo résume : « On passe sa vie à fuir, et puis on se rend compte qu’on n’est pas allé très loin. » Chacun des personnages se débat dans ses contradictions, sans parvenir à trouver la paix.
La mise en scène de Fabio Gorgolini, très réaliste, insuffle un rythme idéal au spectacle : l’action est menée tambour battant sans jamais sacrifier les enjeux dramatiques. Les cinq comédiens du Teatro Picaro sont parfaits. Passant très subtilement de la comédie au drame, « La fuite » est un excellent moment de théâtre.
Y. A.
« La fuite », festival off d’Avignon, théâtre de l’Alizé, 7-30 juillet, 20h50 (1h20).