Réunion publique dans la salle polyvalente d’une petite commune rurale. Le maire, Frédéric, agriculteur écologiste et homme intègre, est sommé par son opposante de s’expliquer : pourquoi a-t-il accepté – dix ans après l’arrivée de lignes à haute tension aux conséquences désastreuses pour le bétail – l’installation d’antennes-relais dernière génération sur le territoire ? L’ambiance est électrique…

Alternant moments de débat public et flash-backs sur la vie familiale et professionnelle de l’édile, la pièce entremêle habilement enjeux individuels et collectifs. Frédéric, qui peine à faire vivre une exploitation agricole surendettée, se heurte, dans son combat militant, au fonctionnement kafkaïen des institutions publiques, à l’hypocrisie des politiques, à la colère de ses administrés et à l’appât du gain de certains de ses adjoints. Heureusement soutenu par sa femme Sahar, l’élu constate avec amertume : « Si je suis un représentant exemplaire mais que je suis le seul à être exemplaire, je représente qui ? »

Le texte de Paul-Eloi Forget et Samuel Valensi, bien écrit et souvent drôle, restitue la complexité des enjeux (d’un côté, la promesse d’un meilleur réseau et de loyers pour dédommager les propriétaires, de l’autre des risques pour l’environnement et la santé) en évitant tout manichéisme. Porté par six jeunes comédiens très convaincants et un rythme qui ne faiblit jamais, le spectacle refuse, in extremis, l’inaction et la fatalité. Un message politique fort, porté sans dogmatisme ni naïveté : bien joué.

Y. A.

« Coupures », théâtre des Béliers Parisiens, à partir du 25 août (du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 17h). Durée : 1h30.